Derrière le succès de l’éolienne géante de Raglan

Au nord du 61e parallèle, quelque part au Nunavik, sur le site de Mine Raglan, se trouve la plus grande éolienne jamais installée au Québec. Outre sa production énergétique, cette géante permet à la mine de nickel de réduire sa consommation en diesel polluant. Derrière ce succès se trouve la firme Tugliq, établie… à Montréal.

« C’est un succès sur toute la ligne, cette première expérience tentée sur un territoire nordique dans des conditions climatiques aussi hostiles », résume Pierre Rivard, président du conseil d’administration de Tugliq.

L’entreprise a mis en place une « technologie avancée » permettant de maximiser le rendement de l’éolienne qui fait 80 mètres de hauteur, l’équivalent d’un immeuble de 30 étages, précise l’ingénieur mécanique.

« Nous avons un système de stockage à base d’hydrogène, un système de stockage à base de batteries lithium-ion et un autre système à base de volants inertiels [des roues métalliques qui tournent à haute vitesse] », explique-t-il.

Il calcule que cette technologie « de stockage combiné avec l’éolien » a contribué, depuis sa mise en place en août 2014, à réduire de 6 millions de litres la consommation de diesel, un des grands responsables des émissions de gaz à effet de serre dans ces territoires sans végétation.

« Ce n’est pas rien, 6 millions de litres de diesel de moins dans l’Arctique. C’est l’équivalent de 1600 autos électriques. »

— Pierre Rivard, président du CA de Tugliq

Bilan environnemental

Chose certaine, l’entreprise croit au potentiel de sa technologie pour améliorer le bilan environnemental au nord du 49e parallèle, et bien au-delà.

« On oublie qu’il n’y a pas d’arbres pour récupérer le CO2, fait-il valoir. Il faut donc cesser d’utiliser du diesel si on veut cesser de polluer. Nous croyons avoir trouvé la solution à Mine Raglan. »

« La prochaine étape, ajoute-t-il, consistera à s’attaquer au secteur des transports lourds, qui vont rouler à l’électricité. »

« Cette première éolienne, c’est un peu notre vitrine technologique, souligne Pierre Rivard. Cette technologie de stockage est en train de faire ses preuves. Il y aura d’autres projets du même genre dans le cadre du Plan Nord, ce n’est qu’un début. »

Des contrats à venir

Par ailleurs, le président du conseil d’administration – qui était jusqu’en avril dernier directeur général de l’entreprise – confirme que Tugliq a des « discussions avancées » en vue de l’implantation de sa technologie « dans trois sites dans l’Arctique ».

Si les projets se concrétisent, comme il l’anticipe, ce sont des investissements de 60 millions qui seront nécessaires pour installer des éoliennes là où la vitesse des vents atteint, très exactement, 9,8 mètres à la seconde.

« Dans l’Arctique, calcule-t-il, les vents sont tout aussi forts que dans le Dakota du Nord, la Patagonie et l’Argentine, mais ils sont plus constants. De plus, comme l’air est beaucoup plus froid, beaucoup plus dense qu’ailleurs dans le monde, les vents produisent plus d’énergie. »

Il ajoute : « Il ne fait aucun doute que l’utilisation de l’éolien est une solution gagnante, non seulement pour les utilisateurs, mais aussi pour la planète. »

Tugliq en bref

2011 : Année de fondation

12 : Nombre d’employés

Siège social : Montréal

Mission : les énergies renouvelables pour les réseaux autonomes

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